Plaise au ciel que tous les peuples sachent se soustraire à la triste nécessité de se précipiter les uns sur les autres, au signal des aristocraties et des rois.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 210 à 212
La République française, 27 février 1848
Cet article a été écrit le 26 février, soit deux jours après la proclamation de la Deuxième République Française. Frédéric Bastiat écrira dans les jours qui suivent un certain nombre d’articles dans lesquels il relève un certain nombre de problèmes auxquels la nouvelle république est confrontée et qu’il va falloir traiter pour assurer son succès.
Dans ce premier article, il aborde la problématique du coût des armées qui lui semblait alors constituer le poste de dépenses le plus important auquel il faudrait s’attaquer pour redresser les finances publiques et baisser le poids des impôts. Selon lui, le maintien de l’armée est rendu nécessaire par l’attitude belligérante des voisins européens (Angleterre, Prusse, Autriche-Hongrie, voire même la Russie). En vue de diminuer le poids de l’armée française, il lui paraît indispensable que les ennemis potentiels réduisent le poids de la leur en premier, eux qui ne sont pas menacés par la république naissante qui a d’autres chats à fouetter. La citation du jour montre que la guerre est affaire des gouvernements plutôt que des peuples, ce qui sera confirmé par la suite. Malheureusement, son injonction faite au ciel ne sera pas entendue et il faudra trois guerres franco-allemandes, les deux dernières étant mondiales, pour qu’enfin les gouvernements concèdent que le vœu “plus jamais ça” soit pris au sérieux, ce qui s’est traduit par ce qu’on appelle de nos jours la construction européenne.