31. AUX NEGOCIANTS DU HAVRE – III

Lorsque des considérations supérieures vous réduisent à soudoyer une industrie, qui tomberait sans cela, il ne faut pas s’imaginer que cette industrie soit lucrative.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 138 à 143
Mémorial bordelais, 25 octobre 1846

Dans cette troisième et dernière lettre, Frédéric Bastiat se penche sur la protection de la marine marchande et des arguments qui sont avancés. Il ne les trouve pas convaincants et dit aux armateurs, comme aux autres: “demandez toujours la liberté, car vous n’avez pas le droit d’exiger que la nation y renonce pour votre avantage”. Comme Adam Smith l’avait noté, il est un argument possible mais peu plausible, qui est celui de la sécurité de la nation. Cet argument est très théorique et les libéraux ne l’acceptent pas en général car il faudrait aussi prouver le succès du but recherché et montrer qu’il est supérieur aux alternatives. Cependant, il répond à une argumentation logique et mérite donc d’être considéré. Ce que nous dit la citation d’aujourd’hui, c’est que si cet argument doit être écouté, cela ne rend pas les autres arguments valides (support du travail national par exemple). 

Les subventions et autres mesures protectionnistes en soutien à la sécurité nationale ne peuvent être acceptés que si l’industrie protégée n’est pas rentable alors qu’elle est indispensable. Or, une activité non rentable est destructrice de valeur: ce n’est qu’en toute connaissance de cause que de telles mesures peuvent être justifiées et tout autre argument qui ferait croire le contraire doit être rejeté.

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