15. A M. LE MINISTRE DE L’AGRICULTURE ET DU COMMERCE

Nous propagerons le principe de la liberté pendant que d’autres prêcheront le principe de la protection. La vérité jaillira du débat.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 66 à 71
Mémorial bordelais, 6 avril 1846

Dans cette tribune ouverte au ministre, Frédéric Bastiat lui reproche de s’attaquer au principe de l’échange. En effet, la présentation de la politique commerciale prétend devoir mettre en place le protectionisme là où l’étranger bénéficie d’un avantage compétitif et mettre en place le libre-échange là où l’étranger ne dispose pas d’avantages compétitifs. Or l’échange est justement bénéfique dans la mesure où chacun produit ce pourquoi il est le plus compétitif (cf la théorie des avantages comparatifs de David Ricardo).

Frédéric Bastiat dénonce le discours du ministre en montrant ce que cela implique. Le gouvernement anglais dit: “la cherté, qui arrange le producteur, mais qui nuit au consommateur, nous n’en voulons plus”. Le gouvernement français dit: “la cherté, qui nuit au consommateur, mais qui arrange le producteur, nous la maintiendrons”.

Après avoir souligné les contradictions du ministre, il se propose de l’aider en ouvrant le débat entre les protectionnistes et les libéraux: c’est l’objet de la citation d’aujourd’hui. Malheureusement, il a de nouveau été optimiste dans sa conclusion sur la vérité quand on voit qu’aujourd’hui encore, le débat n’est pas tranché quand on observe les joutes verbales qui se poursuivent entre The Heritage Foundation et le Cato Institute (video d’une heure et demie en anglais ici). Mais là où il a raison, c’est que la vérité ne jaillira certainement pas si le débat n’a pas lieu!

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