Mettez-vous du côté de ceux qui ont faim et froid, qui sont dénués et ignorants, et vous serez bientôt rangé sous la bannière de l’abondance, d’où qu’elle vienne.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 53 à 58
Mémorial bordelais, 8 mars 1846
Frédéric Bastiat répond ici à un article qui a dû être publié dans le journal L’Epoque. On y entrevoit que l’auteur a dû reconnaître que la liberté des échanges était un principe valable mais a également développé une thèse selon laquelle elle n’était pas adapté à la situation française qui doit pouvoir s’enrichir par la protection. Une fois de plus, Frédéric Bastiat se gausse de ces attaques qui reconnaissent la justesse du principe mais s’efforcent de montrer qu’il n’est pas applicable quand il écrit: “Il y en a qui professent que deux et deux font tantôt trois, tantôt cinq, et là-dessus il se vantent de ne pas avoir de principes absolus; ils se donnent pour des gens sérieux, modérés, prudents, pratiques; ils nous accusent d’intolérance”.
Frédéric Bastiat montre comment il est absurde de ne pas respecter un principe que l’on reconnaît et illustre ses propos par quelques cas concrets. Ensuite, il demande aux sceptiques de changer de point de vue (de celui des producteurs à celui des consommateurs), c’est l’objet de la citation d’aujourd’hui. En insistant sur le mot “abondance” que recherchent les libéraux, il annonce son premier pamphlet à venir de la série des Sophismes Economiques: Abondance, Disette qui insiste sur le fait que le choix d’un système économique ne peut que favoriser l’un ou l’autre. Bien entendu, une action politique qui tend vers la disette n’est pas souhaitable et les principes qui tendent vers l’abondance devraient être compris et soutenus.