Il faudrait que nous n’eussions jamais ouvert un livre d’histoire, si nous ne savions que le privilège ne succombe jamais sans avoir épuisé tous les moyens de vivre.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome III, pages 459 à 462
Libre-Echange, 6 février 1848
Dans ce court article, Frédéric Bastiat dénonce les accusations des protectionnistes selon lesquelles les libéraux seraient le parti de l’étranger. Il décrit l’Angleterre dans sa dualité, celle des protectionnistes et celle des libéraux. L’accusation nationaliste se focalise sur le mauvais ensemble, l’Angleterre, pour décrire les maux qui en découlent. Ce que nous dit Frédéric Bastiat, c’est que les maux en question ont découlé de l’attitude d’une frange de l’Angleterre, les protectionnistes, et non pas de l’autre qui font son admiration de l’Angleterre, les libéraux.
Les hommes politiques ont de tous temps joué sur la peur du peuple vis-à-vis de ce qu’il ne connaît pas, l’étranger ici. Or l’étranger est méconnu mais n’est pas monolithique: s’il convient de se méfier de certaines de ses actions, cela ne signifie pas que toutes sont néfastes et dans le cas des actions de la Ligue contre les Lois Céréales, c’est sans hésitations que Frédéric Bastiat reconnaît les bienfaits qu’elle apporte à l’humanité, fut elle étrangère.
La citation du jour montre comment la lutte contre le privilège est laborieuse mais qu’elle ne peut se résumer à la lutte contre un pays ou un autre et que la réponse nationaliste qui consiste à encourager le repli sur soi, n’est pas appropriée.