Le travail libre revient moins cher que le travail des esclaves.
George Thompson, traduit par Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome III, pages 281 à 298
Covent Garden, 17 avril 1844
Le discours de George Thompson se focalise sur les droits de douane différentiels appliqués au sucre, qu’il provienne des colonies, de l’étranger ou de pays étrangers où l’esclavage est encore en vigueur.
Il commence par se réjouir de la baisse des droits sur le sucre étranger qui, s’ils favorisent encore le sucre “indigène”, ouvrent la voie vers une égalité de traitement. Cependant, il s’insurge contre le droit resté absolument prohibitif sur le sucre provenant de l’exploitation des esclaves. Cela peut surprendre dans la mesure où George Thompson avait été un fervent abolitionniste donc il s’en explique. Selon lui, si il est sain pour un individu de refuser de consommer un produit entaché du sceau de l’esclavage, ce n’est pas au gouvernement de mettre en place la prohibition. Interdire la consommation d’un produit au prétexte qu’il provient d’une source du mal, c’est lutter contre le mal par le mal. En outre, il montre le cynisme de ceux qui, producteurs de sucre, militent en faveur des restrictions sur le sucre des esclaves mais qui n’étant pas producteurs de tabac mais simples consommateurs, se contrefichent de savoir si ce dernier est produit par des esclaves. L’autre incohérence est de laisser le sucre esclave entrer dans les raffineries britanniques pour être réexporté à bas prix, le consommateur anglais n’étant pas en droit de l’obtenir à ce prix-là.
Selon George Thompson, la lutte contre l’esclavage reste d’actualité mais ce n’est pas par les droits de douane qu’elle doit être conduite. En dénoncer les horreurs et l’inefficacité économique est ce qui doit conduire à son extinction. C’est dans ce cadre que s’inscrit la citation d’aujourd’hui qui rappelle que, contrairement à la croyance populaire, l’esclavagisme n’est pas le produit du capitalisme mais que, bien au contraire, c’est l’avénement du capitalisme, plus efficace économiquement, qui a conduit à sa disparition.