Si la taxe se prélevait ainsi, vous ne la toléreriez pas, et cependant, voilà ce que fait le lord, sous une autre forme.
Daniel O’Connell, traduit par Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome III, pages 259 à 275
Covent Garden, 21 février 1844
Daniel O’Connell était l’invité d’honneur à cette réunion hebdomadaire du 21 février. Nous disposons de la traduction de son discours ainsi que de celui de George Thompson. Ce dernier se focalise sur l’injustice créée par les Lois Céréales et prend le parti de Daniel O’Connell (qui était alors sous le coup d’une procédure judiciaire pour “complotisme”) quand il annonce: “si les gouvernements étaient justes, l’esprit de sédition mourrait faute d’aliment”.
Le discours de Daniel O’Connell insiste sur sa position libérale de toujours et sur le fait que les Lois-Céréales n’enrichissent pas le peuple irlandais alors que l’agriculture y est prépondérante. La citation d’aujourd’hui est tirée de ce discours et suit une métaphore dans laquelle un Lord arracherait à un ouvrier une portion de la miche de pain qu’il apporterait à sa famille après une dure journée de labeur. La “spoliation du pauvre par le riche” choque les esprits quand elle est évidente: ce que O’Connell nous dit est qu’elle n’en est pas moins choquante quand elle avance masquée.
On notera que les gouvernements n’ont toujours pas changé de tactique et cherchent toujours à masquer le prélèvement des taxes, que ce soit les droits de douane au bénéfice d’une minorité ou des taxes moins choquantes mais dont la légitimité pourrait être remise en question. La proportion de l’impôt direct est souvent ridicule par rapport aux impôts indirects et autres prélèvements obligatoires, payés par les individus mais réglés au fisc par des tiers.