LETTRE A HIPPOLYTE CASTILLE

Le désintéressement, tout admirable qu’il est, ne mérite même plus son nom s’il est exigé par la loi.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome II, pages 340 à 342
9 septembre 1847

Frédéric Bastiat écrit cette lettre à Hippolyte Castille à l’occasion de la fondation du journal Le Travail Intellectuel dont il ne paraîtra que 7 numéros, le dernier étant publié le 15 février 1848. Dans les Œuvres Complètes, la lettre suit le discours au Cercle de la Librairie du 16 décembre 1847 (dont elle est antérieure, donc). Dans cette lettre, Frédéric Bastiat rappelle comment il définit la propriété suivant les efforts de celui qui rend des services et par là, soutient le droit de propriété intellectuelle. Il dénonce le côté arbitraire qui reconnaît cette propriété “vingt ans après la mort de l’auteur. Pourquoi pas quinze? pourquoi pas soixante?” sans toutefois préciser ce qu’elle devrait être. En effet, on voit aujourd’hui avec l’industrie pharmaceutique qu’une propriété intellectuelle infinie soulève des questions éthiques et que la copie de la musique a pu créer des questions diamétralement opposées. Il s’agit selon moi d’un vaste sujet qui mérite d’être exploré plus en détails et qui est toujours d’actualité (je n’ai aucune idée de quelle serait la meilleure solution mais ne pense pas que la situation actuelle soit satisfaisante – notamment lorsqu’il s’agit de productions littéraires non diffusées car en dehors du domaine public et peu susceptibles d’être profitables à la réédition).

La citation d’aujourd’hui s’inscrit en opposition à la thèse selon laquelle la propriété intellectuelle devrait être totalement ignorée (ce qu’on a pu observer en Chine ou à l’époque de l’URSS) et se trouve être d’une portée plus générale. On entend régulièrement des plaintes sur l’égoïsme inhérent au libéralisme qui reconnaît l’intérêt personnel comme un moteur essentiel de l’organisation d’une société. Frédéric Bastiat reconnaît parfaitement la beauté de l’altruisme mais sait aussi que c’est une chimère qui ne permettrait pas le progrès à grande échelle et dénonce ici les utopistes qui voudraient l’imposer. L’altruisme ne peut être que si il est libre (ce qui laisse ouverte la question de la légitimité d’un grand nombre de politiques visant à remplacer la charité).


Ici s’achève mon relevé de citations pour le tome II, les pages 343 à 482 ayant déjà fait l’objet d’une lecture et d’un relevé de citations fin 2020 au titre de la 3ème série des sophismes économiques telle que définie par libertyfund.org, depuis Recettes Protectionnistes jusqu’à Funestes Illusions.

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