LETTRES A RICHARD COBDEN

C’est la fallacy de la réciprocité qui paralyse les efforts de la chambre.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome I, page 121
Lettre du 13 janvier 1846

Quelques mois après avoir écrit son pamphlet Réciprocité, Frédéric Bastiat exprime dans cette lettre son sentiment à ce sujet. C’est une illusion tirée d’une idée mercantiliste fallacieuse que l’on trouve encore de nos jours selon laquelle les exportations enrichissent un pays quand les importations l’appauvrissent (l’inverse est plus proche de la vérité).

Ce qu’il constate, c’est qu’en raison de cette idée, les gouvernements (ici, la chambre de commerce de Bordeaux) ne soutiennent pas la liberté commerciale en abandonnant unilatéralement les droits de douane (ici, on se réjouit du traité de commerce entre la France et la Belgique) mais la conditionnent systématiquement à l’action réciproque des autres gouvernements. On continue aujourd’hui de négocier des traités de commerce dans lesquels la suppression de droits de douanes sur un produit quelconque (l’importation de voitures par exemple) est conditionné par la suppression “réciproque” de droits de douane sur un autre produit (le fromage par exemple). C’est proprement idiot: si les américains s’amusent à taxer le roquefort, il n’y a aucune raison pour que l’on taxe les acheteurs de Cadillac.

La source de ce concept est à trouver dans l’erreur consistant à penser que la richesse, c’est la monnaie. L’application de cette doctrine consiste à se tirer une balle dans le pied quand nos partenaires commerciaux le font (si les chinois n’achètent pas “nos” voitures, refusons d’acheter leurs t-shirts dont “nous” avons besoin). Elle révèle également l’outrecuidance de nos gouvernants qui pensent savoir mieux que le consommateur ce qui est bon pour lui.

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